Accueillir la nature au jardin

Découvrez comment faire une place à la nature dans votre jardin.

Accueillir la nature au jardin

Le jardin est un milieu artificiel créé et entretenu par l’homme pour son usage : consommation alimentaire (potager, arbres fruitiers), plaisir lié à l’aspect esthétique… Cette intervention crée des déséquilibres : les plantes installées ne sont pas forcément indigènes, leur entretien peut provoquer des perturbations au niveau du sol (enrichissement en azote, modification de l’acidité, tassement, etc.). Les plantes introduites peuvent être colonisées par différents insectes qui s’en nourrissent (pucerons sur les rosiers ou les légumes du potager, par exemple). Ceux-ci trouveront là des conditions idéales et proliféreront. Ils se développeront d’autant plus si leurs prédateurs habituels, eux, ne trouvent pas leur place au jardin. Il faut donc, autant que possible, tenter de rétablir cet équilibre écologique, en acceptant la biodiversité au jardin. De plus, les jardins représentent plus d’un million d’hectares en France et jouent donc un rôle important pour la préservation de la biodiversité..

Donner une place à la végétation spontanée

Des herbes pas si mauvaises…

Les plantes qui poussent spontanément dans le jardin ont un rôle dans l’écosystème : par exemple, leur pollen et leur nectar peut nourrir certains insectes (papillons, abeilles, mouches, coléoptères et autres insectes pollinisateurs). Les tiges, les racines et les feuilles nourrissent aussi des insectes : coléoptères, criquets et sauterelles... De plus, certaines plantes produisent aussi des fruits ou des graines dont se nourrissent les oiseaux. Au contraire, les plantes horticoles sont souvent pauvres en nectar, et les insectes de nos régions ne sont pas adaptés aux plantes exotiques. Apprenez à accepter la végétation spontanée, voire à lui réserver une place dans le jardin. Un petit espace géré en fauche tardive (fauche à partir de fin août) est un véritable réservoir pour la biodiversité.

Favoriser les insectes

Un jardin accueillant pour les insectes

Crédit photo : Larve de coccinelle

De nombreux insectes sont particulièrement utiles au jardin : comme dit précédemment, certains insectes appelés « auxiliaires » régulent les populations d’insectes qui attaquent les plantes du jardin. Par exemple, une larve de coccinelle mange 150 pucerons par jour. Les larves de syrphes et de chrysopes sont aussi de grandes consommatrices de pucerons. Les ichneumons sont de petites guêpes qui pondent leurs œufs sur des chenilles. La larve croît dans la chenille et la dévore de l’intérieur. On parle dans ce cas d’insectes parasitoïdes.

Certains insectes (abeilles, bourdons, papillons, mouches, coléoptères…) sont des acteurs essentiels dans la pollinisation : en butinant les fleurs pour se nourrir, ils transportent le pollen d'une fleur à l'autre. L'action de ces insectes est importante pour la fructification des arbres fruitiers et de certains légumes (d'après la FAO, plus de 70 % des espèces cultivées sont pollinisées par les insectes.).

D’autres insectes (larves de cétoine), collemboles) jouent un rôle important dans la dégradation de la matière organique et donc dans la reconstitution des sols.

Pour attirer les insectes, il faut leur fournir de quoi se nourrir, d’où l’intérêt d’accepter une part de végétation spontanée. Plantez aussi de préférence des plantes locales, auxquelles les insectes de nos régions sont plus adaptés.

Une haie variée peut procurer nourriture, abri et site de reproduction à de nombreux insectes.

Pour en savoir plus sur le choix de plantes locales et la plantation de haies variées, voir le guide de plantation des arbres et arbustes.

Par ailleurs, évitez d’éclairer votre jardin la nuit : les sources de lumière attirent les insectes qui se brûlent les ailes ou s’épuisent.

Bien évidemment, bannissez tout usage de produits chimiques pour l’entretien de votre jardin.

Un abri pour l’hiver

Crédit photo : Hôtel à insectes

Les insectes ont besoin de s’abriter l’hiver. Ils pourront trouver abri naturellement dans le jardin si vous laissez des petit tas de feuilles mortes ou de bois, des vieilles souches, des herbes hautes, des pierres, des plantes à feuillages persistant comme le lierre… Un paillage (copeaux de bois, écorces, feuilles mortes…) peut fournir un refuge à certains insectes comme les coccinelles, ou encore les carabes, grands consommateurs de limaces.

Vous pouvez aussi accrocher de petits fagots de bois, notamment des tiges creuses (roseaux, bambous…) et des tiges à moëlle (ronce, sureau, framboisier, rosier…). Pour les tiges creuses, veillez à ce que les tiges ne soient ouvertes qu’à une extrémité, sinon bouchez l’autre extrémité, par exemple avec de l’argile. Ces abris seront utiles pour les abeilles solitaires (par exemple les osmies), les syrphes), les chrysopes), les guêpes solitaires telles que les pemphédrons (petites guêpes inoffensives qui se nourrissent de pucerons). Une bûche en bois dur ou un morceau de bois non traité percé de nombreux trous de différentes tailles pourra aussi offrir un gîte aux insectes, comme les abeilles ou les guêpes solitaires trouvant habituellement refuge dans les galeries vides creusées par les insectes vivant dans le bois mort. Ces insectes rencontrant de plus en plus de difficultés à trouver où passer l’hiver, ces abris sont particulièrement utiles.

Pour les coccinelles vous pouvez créer de petites boîtes en bois (type nichoirs à oiseaux), percée de trous légèrement ascendants, que vous remplirez de feuilles mortes sèches, de paille, ou, à défaut, de papier journal froissé…

Ces différents abris peuvent être mis en place dès la fin de l’été. Pour augmenter les chances d’occupation des abris, protégez-les des vents dominants et de la pluie, orientez-les au sud ou sud-est, éventuellement en les plaçant à proximité des endroits fleuris du jardin et du potager.

Attirer les oiseaux

Un jardin accueillant pour les oiseaux

Crédit photo : Mésange bleue

Un jardin favorable aux oiseaux doit leur permettre de se nourrir, de boire, et de nicher. Les règles pour rendre le jardin favorable aux insectes s’appliquent aussi aux oiseaux : accepter la végétation spontanée, planter une haie variée, laisser du bois mort et des feuilles mortes, éviter l’éclairage nocturne et l’usage de pesticides…

Autant que possible, essayez d’avoir différents étages de végétation : herbes hautes, arbustes, arbres plus hauts, haies, vieux arbres, plantes grimpantes comme le lierre ou le chèvrefeuille… Privilégiez les espèces locales. Choisissez notamment des arbres fruitiers, des arbres et arbustes produisant des fruits ou des baies (sureaux, sorbiers, amélanchiers, merisiers, chênes, noisetiers, prunelliers, ronces…).

Taillez vos haies et vos arbres et arbustes avant fin mars pour éviter de déranger les oiseaux en période de nidification.

Nourrir les oiseaux l’hiver

Crédit photo : Rouge-gorge

L'hiver est une période difficile pour les oiseaux qui ne migrent pas vers le grand sud. Ils ont besoin de nourriture pour pouvoir affronter le froid, or celle-ci se fait rare en cette saison. De plus, la neige et le gel ne facilitent pas leur recherche d’aliments.

Vous pouvez leur proposer des restes de cuisine (pommes de terres en robe des champs, pâtes et riz cuits, trognons de pommes...), des graines, des fruits et fruits secs. Le gras est vital pour lutter contre le froid : beurre un peu rance, couenne du lard, graisse des rôtis… Attention : ne leur donnez pas de pain sec, de biscottes, de riz cru, qui peuvent faire gonfler leur estomac voire entraîner leur mort, ni de lait, qui est toxique pour eux, ni d’aliments salés. Si vous achetez des graines, privilégiez des graines issues de l’agriculture biologique pour éviter d’intoxiquer les oiseaux avec des graines traitées.

Pensez aussi à l’eau : elle est indispensable aux oiseaux aussi bien pour s’abreuver que pour se baigner (ce qui, en hiver, leur permet de conserver leur plumage en bon état pour les isoler du froid). La profondeur ne doit pas dépasser 3 cm pour éviter les risques de noyade. Changez l’eau régulièrement et évitez de la laisser geler.

Réservez cette aide à la période hivernale, n’alimentez pas les oiseaux le reste de l’année, où la nourriture est présente naturellement, vous risquez de les rendre dépendants. Par contre, si vous commencez à les nourrir l’hiver, faites le jusqu’aux beaux jours : les oiseaux habitués à vos apports se trouveraient perturbés et n’auraient pas nécessairement d’autre solution pour trouver à manger.

Pensez à placer vos mangeoires hors de portées des chats.

Poser des nichoirs

Crédit photo : Nichoir

Il est de plus en plus difficile pour les oiseaux de trouver des endroits propices pour nicher dans la nature. Par exemple, de nombreux oiseaux construisent leur nid dans une cavité comme un arbre creux, dans un trou de mur, sous un toit... Or les arbres morts sont souvent abattus, les bâtiments rénovés, les vieux murs rejointoyés… La mise en place de nichoirs permet d’apporter une solution à ce manque.

Différents plans sont disponibles sur internet (voir liens) et on trouve différents nichoirs dans le commerce. Vous pouvez installer votre nichoir dès l’automne ou le début de l’hiver. Quelques précautions sont à prendre :

  • Votre nichoir doit être solide et bien isolé du froid et de la pluie, sinon il risque de s’avérer un piège. Choisissez des plaques de bois brut non traité, d’une essence résistant à l’humidité tels que le mélèze, le cèdre rouge, le robinier faux-acacia. Une épaisseur de 1,8 à 2 cm est recommandée, ne prenez jamais moins de 1 cm. Evitez le contreplaqué et l’aggloméré. Vous pouvez protéger votre nichoir de l’humidité en utilisant de la cire d’abeille, les lasures utilisés en apiculture ou l’huile de lin, mais évitez tout autre type de traitement (vernis…). Pour le montage, choisissez des vis galvanisées plutôt que des clous. Pensez à faire un débord avec le toit pour éviter que la pluie ne pénètre à l’intérieur. Prévoyez un système d’ouverture pour faciliter l’entretien ; sécurisez l’ouverture par un crochet pour éviter une ouverture accidentelle ou par un prédateur. Pour les nichoirs du commerce, les nichoirs en terre cuite ou en béton de bois d’avèrent efficaces et résistants.
  • Placez votre nichoir à un endroit inaccessible aux prédateurs, comme les chats. Évitez de fixer un perchoir, qui pourrait servir d’appui aux prédateurs. Certains dispositifs peuvent protéger la nichée : un tube en pvc devant le trou d’envol, un coin de bois à l’intérieur derrière le trou d’envol, un cône renversé autour de l’arbre ou du poteau qui porte le nichoir…
  • Fixez solidement votre nichoir en évitant les branches cassantes, dans un endroit calme, à mi-ombre (évitez le plein soleil ou l’ombre complète). Lorsque cela est possible, orientez le trou d’envol au sud ou sud-est. L’ouverture doit être à l’abri des vents dominants.
  • N’ouvrez jamais le nichoir pendant la période de nidification, les parents pourraient l’abandonner.
  • Entretenez votre nichoir. En septembre ou octobre, vérifiez sa solidité et l’étanchéité, de votre nichoir. Si nécessaire, décrochez le, badigeonnez les parois externe d’un matériau approprié (voir ci-dessus), rebouchez les éventuelles fentes ou trous. Si le nichoir est trop abîmé, remplacez-le.

Accueillir les autres animaux du jardin

Les hérissons

Ce petit mammifère est particulièrement apprécié des jardiniers car il se nourrit entre autres de limaces, d’escargots et d’insectes. Pour aider son installation au jardin, avec l’accord de vos voisins, aménagez des ouvertures de 15 x 15 cm au bas de vos clôtures.

Ne lui donnez pas à manger toute l’année et ne lui donnez surtout pas de lait de vache, trop riche et donc toxique pour lui. Vous pouvez lui fournir un peu d’eau en cas de sécheresse ; ne le nourrissez qu’en cas de sécheresse forte et prolongée.

Ne répandez pas d’antilimaces chimiques. Évitez aussi les pièges à bière contre les limaces : ils attirent les hérissons, qui s’enivrent et peuvent ensuite être victimes d’accidents.

Si vous possédez un point d’eau dont les pentes sont raides, placez une planche le long d’un bord pour permettre aux hérissons (et autres petits animaux) qui y tomberaient d’en ressortir.

A la fin de l’automne, le hérisson cherche un site pour hiverner : par exemple un tas de bois, ou de feuilles, dans lequel il s’aménage un nid. Ne brûlez donc pas de tas de feuilles mortes et ne remuez pas votre compost en hiver ou au début du printemps. Vous pouvez aménager un gîte pour hérisson à l’aide d’une caisse en bois retournée et pourvue d’une ouverture, sous un tas de feuilles mortes.

Les chauves-souris

Crédit photo : Pipistrelle (photo Jeff de Longe)

Malgré leur mauvaise réputation, les chauves-souris sont strictement insectivores : ce sont de grandes dévoreuses de moustiques ! Menacées par l’utilisation des pesticides et la raréfaction de leur habitat, elles font l’objet de mesures de protection.

Vous pouvez leur proposer des nichoirs : ceux-ci ressemblent à des nichoirs à oiseaux, mais l’entrée est située par le bas. Également, une planche posée sur tasseaux contre d’un mur est un bon refuge pour les chauves-souris. Évitez aussi de boucher tous les trous des vieux murs...

Les amphibiens

Votre jardin peut aussi donner refuge aux amphibiens, comme les grenouilles et les crapauds. Ces animaux se nourrissent d’insectes et de mollusques et de ce fait, ce sont des alliés du jardinier.

Pour leur offrir une place au jardin, vous pouvez mettre en place une mare, avec des bords en pente douce. Des plantes (d’origine locale, évitez les espèces exotiques souvent invasives) et des pierres autour du point d’eau leur fourniront des abris. Le crapaud est terrestre et ne retourne vers un point d’eau que pour sa reproduction. Votre jardin peut tout à fait en héberger sans qu’il n’y ait de mare.

L’hiver, les amphibiens hibernent, certains dans la vase de la mare, d’autres, comme le crapaud, dans des tas de feuilles, sous des tas de pierres… Comme pour les hérissons, évitez donc de déranger les tas de feuilles ou le compost l’hiver.

Les reptiles

Parmi les reptiles courants du jardin, on trouve notamment les lézards, qui se nourrissent d’insectes et de vers. Ils apprécient notamment les tas de pierres, les rocailles, les murets de pierres sèches… En particulier s’ils sont exposés au soleil.